mardi 11 décembre 2012

Ne craignons pas la surcharge informationnelle !


Ce billet s’adresse à tous ceux qui vivent dans la crainte de ne pas parvenir à maîtriser le flot de leurs mails, tweets, et autres posts.

La lecture de l’article de Xavier de la Porte [1]  sur le site internetactu.net nous relate l’expérience du journaliste Olivier Burkeman [2] qui découvre et utilise avec plaisir la nouvelle fonctionnalité inbox pause de Gmail, c'est-à-dire mettre le courrier en attente ni plus ni moins.
« Tout cela est irrationnel. Mais le fait même d’être stressé par l’information est irrationnel. En théorie, nous pourrions suivre des millions de sources d’information, en pratique, nous le faisons qu’avec un petit nombre, et le choix est assez arbitraire. J’essaie de répondre à tous les mails personnels, mais je ne me soucie pas de répondre à tous les messages personnels sur Twitter. La pile de livres à lire sur mon bureau me jette un regard noir, mais je ne ressens jamais aucune angoisse à l’idée de tout ce que je pourrais lire sur le web si je le voyais. Pourquoi donc ne pas combattre l’irrationalité par l’irrationalité ? Inquiétez-vous moins de réduire l’afflux d’information. Cherchez plutôt des moyens de réduire le stress que procure cet afflux – et si cela signifie se tromper soi-même avec des boutons “pause”, des “boomerang” et des trucs comme ça – qu’importe ? Dans la guerre contre la surcharge informationnelle, toutes les armes sont à utiliser » [1].
Certes ! Ce cynisme me plaît,  mais plutôt que de céder à ma tendance à la procrastination (un mot vraiment laid mais très amusant), poursuivons l’article jusqu’au bout car voici la  citation qui va éclairer notre  journée : « la surcharge informationnelle, et l’angoisse qu’elle créée, ne sont pas propres à notre époque.. »

En effet Hubert Guillaud [3] nous dit, retranscrivant les propos de Anaïs Saint-Jude fondatrice et responsable du programme BiblioTech de la bibliothèque de Stanford [4], lors de sa conférence pour Lift 2012 intitulée de Gutenberg à Zuckerberg :  « La surcharge d’information fait partie de la condition humaine : nous sommes confrontés par trop de possibilité, trop de complexité » et d’ajouter « la surcharge d’information est une force qui génère de l’innovation ».
Un autre article particulièrement intéressant de Xavier de la Porte [5]  montre la comparaison que fait Anaïs Saint-Jude entre la période du XVe au XVIIe siècles et la notre. Les mutations liées à la révolution Copernicienne, la découverte de nouveaux mondes et l’invention de l’imprimerie ont en leur temps pu donner le sentiment aux gens d’être submergés par une quantité d’informations nouvelles, une nouvelle vision du monde qui  nécessite de déployer des capacités d’adaptation. Comparant cette période à la révolution de l’ère numérique que nous sommes en train de vivre, elle trouve des similitudes amusantes de pratique entre l’explosion des échanges épistolaires au 17e siècle (voir absolument la représentation cartographiée [4] des échanges épistolaires de Voltaire), les petits mots qui circulent sur des bouts de papiers et les débats sur la place publique avec nos mails, tweets, murs facebook et autres espaces virtuels.
Aux vues de ces recherches, la surcharge informationnelle d’une société est liée à une période d’intenses bouleversements, de révolution des comportements et des idées. Elle  « permet d’identifier de nouveaux besoins, de créer de nouvelles formes d’information »
Pour conclure je réalise que ce flot d’informations, s’il est un courant difficile à maîtriser, est aussi le marqueur inhérent d’une société en état de re-création et qu'il est agréable de se souvenir que nous sommes en train de vivre une révolution.



[2]  BURKEMAN, Oliver. The Guardian, This column wil change your life: information overload [en ligne]. Publié le 2 novembre 2012 [consulté le 11/12/2012].
[3]  GUILLAUD, Hubert. Internetactu.net. #Lift12 : Notre surcharge informationnelle en perspective
[en ligne]. Publié le 29 février 2012 [consulté le 11/12/2012].

[4]  Mapping the Republic of Letters
<http://republicofletters.stanford.edu/case-study/voltaire-and-the-enlightenment>

[5] DE LA PORTE, Xavier. Internetactu.net. De nouveaux médias sociaux ne sont peut être pas si nouveaux que ça [en ligne]. Publié le 21 novembre 2011 [consulté le 11/12/2012]. <http://www.internetactu.net/2011/11/21/les-nouveaux-medias-sociaux-ne-sont-peut-etre-pas-si-nouveaux-que-ca>


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