lundi 4 avril 2016

L'alliance Creative commons et Blockchain : pour le meilleur et pour le pire ?

Dans un précédent billet*, j’annonçais que la Blockchain était certainement une technologie à suivre tant ses applications potentielles pouvaient être variées… Je reviens donc sur cette thématique avec une application à priori imprévue de la Blockchain dans le domaine culturel.







À l’ère du partage sans frontières et de l’échange de données, la sécurisation qu’offre ce grand registre sécurisé qu’est la Blockchain*, devrait intéresser les détenteurs d’œuvres numériques ; la Blockchain pourrait apporter une solution au problème des artistes et créateurs d’œuvres numériques ou numérisables. En effet, aujourd’hui, l’accès à la culture se fait majoritairement via Internet notamment pour la musique, à la fois sur des plateformes gratuites et payantes.

En 2015, sur les 6 premiers mois de l'année, Internet a représenté 43% environ de l'ensemble du marché français de la musique. Un an plus tôt, c'était 35%. Et ce en grande partie en raison du développement du streaming payant (+65,9%) selon les chiffres du SNEP*.
En dépit de cette grande part d’Internet, la rémunération des artistes continue de s’effectuer selon le modèle traditionnel des majors et sociétés en noms collectifs comme la SACEM.

La Blockchain peut initier ici une véritable révolution, puisqu’elle peut apporter des moyens techniques capables d’assurer la traçabilité d’une œuvre et de ses usages et de mettre en place des paiements automatisés via une cryptomonnaie (comme Bitcoin). La rémunération des ayants-droits s’effectuerait directement et ne serait plus aux mains d’intermédiaires. 
On voit ainsi la chanteuse Imogen Heap avec son morceau Tiny Human, tester le potentiel de traçabilité et de rémunération de la Blockchain avec la start-up UjoMusic, qui utilise la Blockchain Ethereum.

Dans ce contexte, on comprend l’initiative de Creative Commons France, qui a lancé un partenariat avec le service Ascribe.io en mai 2015 pour permettre aux créateurs d’enregistrer leurs œuvres sous licence Creative Commons et leurs conditions de licence via le protocole Blockchain.
On peut ainsi (selon Creative Commons France) :
« 1. Enregistrer votre œuvre sur le blockchain, accompagnée de votre nom et d’autres informations relatives à l’œuvre.
2. Enregistrer les conditions de la licence Creative Commons choisie.
3. Établir l’antériorité de votre œuvre (en cas de litige).
4. Suivre les utilisations qui sont faites de votre œuvre pour s’assurer de leur concordance avec la licence choisie. »
Cependant, ce rapprochement entre Creative Commons et protocole Blockchain, peut interroger. En effet, les principes de libre partage, de divulagtion au plus grand nombre qui ont guidé la création des licences Creative Commons, sont-ils en danger ?
La technologie Blockchain va certes permettre la traçabilité et protéger les droits et les intérêts des ayants droits, mais du point de vue des usagers, la « surveillance » qu’elle inclut va t-elle initier une alliance finalement pour le pire de Creative Commons et Blockchain ?
Voilà, un aspect qu’il faudra creuser et suivre dans les temps à venir.



RESSOURCES



-       *Blockchain, voir cette excellente vidéo très didactique :
La « blockchain » expliquée à ta belle-mère en moins de trois minutes

-       Imogen Heap La chanteuse qui veut révolutionner l'industrie musicale – Les Échos

-       *Chiffres clés du marché français de la musique sur Internet

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Dernière consultation des liens : 04 avril 2016

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