lundi 19 février 2018

LREC, une initiative européenne d'évaluation des ressources linguistiques

Avec l’avènement des moteurs de recherche, des ontologies, des thésaurus, des systèmes experts d'IA, des plans de classement, la question de leur évaluation se pose. Les conférences LREC [1] (Language Resources and Evaluation Conference) tentent d'y répondre. Ces conférences, dont la prochaine se tiendra du 07 au 12 Mai 2018 à  Miyazaki au Japon, mettent en commun des référentiels de test (benchmarks) de ressources linguistiques. Pour rappel, ces conférences sont nées afin  d'identifier les ressources, promouvoir leur production, les valider, les distribuer, les standardiser [2], évaluer les systèmes automatiques, les produits…

Un peu de recherche académique

Nous saisissons la tenue de cette conférence nippone [3] pour  mettre un focus sur la recherche fondamentale et ses applications industrielles. Dans le domaine de la sémantique des verbes, nous citerons deux théories linguistiques :
  1. La première se base sur la structure des qualia de James Pustejovsky [5]. Celle-ci est mise en œuvre dans l'outil TimeML [4] (Markup Language for Temporal and Event Expressions) qui modélise les catégories aspecto-temporelles.
  2. La seconde théorie, GA&C ou Grammaire Applicative & Cognitive, se base sur les schèmes sémantico-cognitifs. Elle est développée par l'équipe de Jean-Pierre Desclés [6] du Laboratoire LaLIC. I.S.H.A. Université Paris-Sorbonne, Paris IV. Elle modélise les verbes d'action.
Tous ces travaux se rattachent au domaine de recherche appelé Computational Linguistics [7].

Les deux précédentes théories linguistiques se basent sur la représentation de la connaissance humaine. Elles prennent en compte l'aspect sémantique. En effet, ces dernières années, la recherche s'oriente vers plus de sens. François Rastier avait écrit un livre remarqué dans ce sens [8].

Qualité des ressources en amont des outils

Les ressources linguistiques issues des précédentes théories peuvent alimenter des systèmes de prise de décision. D'autres, comme Wordnet [9] et ses synsets, ensembles de synonymes, peuvent être exploitées par un moteur de recherche, dans sa phase de reformulation de la requête utilisateur. Désormais, tous les synonymes possibles de ladite requête utilisateur sont pris en compte lors de la phase d'indexation. Et le taux de pertinence des documents extraits s'en voit amélioré.

Un benchmark est nécessaire

Comme évoqué en préambule de ce présent billet, une évaluation de ces ressources s'impose. Le but est de mesurer l'efficacité de ces outils et des théories formelles qui les pilotent. Les conférences LREC travaillent dans ce sens. Elles mettent des corpus libres d'accès [10], de ressources linguistiques, à la disposition des chercheurs et des professionnels. Ces campagnes d'évaluation aideront, certainement, à bien réussir le Web sémantique et l'Internet des objets, etc.

Date à retenir
LREC : onzième édition : du 07 au 12 Mai 2018, Miyazaki (Japon)

Sources

[1] Site Web des conférences LREC : LREC CONF ORG ; consulté le 19/02/2018

[2] "Towards a Standard for the Creation of Lexica" ; Monica Monachini, Francesca Bertagna, Nicoletta Calzolari, Nancy Underwood, Costanza Navarretta ; Document PDF disponible via ce lien :
LREC-2014 Standard Lexica ; consulté le 19/02/2018

[3] Site Web pour s'inscrire à la conférence LREC 2018 au Japon :
LREC-2018 Registration ; consulté le 19/02/2018

[4] "TimeML. Markup Language for Temporal and Event Expressions" ; Site Web : TimeML.org ; consulté le 19/02/2018

[5] "Integrating Generative Lexicon and Lexical Semantic Resources" ; James Pustejovsky, Elisabetta Jeˇzek, 23 May 2016 ; Document PDF disponible via ce lien : LREC-2016 Tutorial Pustejovsky ; consulté le 19/02/2018

[6] Laboratoire LaLIC (Sorbonne , CNRS) : LaLIC Sorbonne Paris IV ; consulté le 19/02/2018

[7] Site Web de "Stanford Encyclopedia of Philosophy" ; Computational Linguistics ; consulté le 19/02/2018

[8] François Rastier, Sémantique interprétative, Paris, Presses universitaires de France, 1987, 3ème édition. 2009, (ISBN 978-2130574958)

[9] "WordNet. A lexical database for English" ; site Web de l'université de Princeton : Wordnet Princeton EDU ; consulté le 19/02/2018

[10] "ELRA releases free Language Resources" ; site Web : ELDA FREE Resources ; consulté le 19/02/2018

RGPD : saurons-nous si Johnny lisait les mêmes livres que Roald Dahl ?

La New York Society Library, bibliothèque privée fondée en 1754, permet, depuis son site Internet, de connaître les habitudes de lecture de ses membres les plus illustres [1], parmi lesquels des hommes politiques ou des écrivains, tels Roald Dahl ou Herman Melville. Avec le futur Règlement général de protection des données (RGPD) qui entrera en vigueur le 25 mai 2018, ce type d'information ne pourra plus être dévoilé... si toutefois le règlement est bien appliqué, ce qui est loin d'être sûr, à l'heure actuelle. Sera-t-il possible de savoir un jour ce qu'empruntaient Johnny Hallyday ou Jean d'Ormesson ?

Source : Pixabay
La Commission européenne (CE) s'est inquiétée, le 24 janvier dernier, du retard qu'ont pris les gouvernements de l'UE dans l'application du RGPD. En effet, malgré le risque de sanctions encourues, seules 26% des entreprises européennes seraient prêtes à appliquer la future réglementation. Cette non-préparation serait due au coût de la mise en conformité (investissements informatiques notamment), d'une part, et à la sous-estimation du risque auquel les entreprises s'exposent, d'autre part [2]. Le degré de préparation est toutefois variable d'un secteur à l'autre, mais aussi selon la taille des entreprises. Ainsi, les start-ups françaises protègent peu les données qu'elles possèdent, alors que 91% d'entre elles collectent des données personnelles [3]...

La CE s'emploie donc à inciter les différentes administrations européennes à prendre des mesures pour hâter les évolutions, mais aussi à aider les acteurs économiques à s'adapter [4]. Cette aide, prévue par l'article 35.4 du RGPD, doit, en France, être apportée par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (CNIL). Cette dernière a d'ailleurs rapidement réagi à la communication de la CE en mettant en avant sur son site les dispositifs et outils qu'elle proposait déjà aux professionnels, ainsi que ceux qu'elle va mettre en place pour préparer la transition [5]

Il semblerait donc que l'urgence se précise enfin. Tous les canaux sont utilisés pour communiquer sur la question, y compris Youtube, sur lequel le nombre de vidéos taguées RGPD s'est multiplié, même si seule l'une d'entre elles est promue par la CNIL [6]. Les acteurs privés se mobilisent également. Ainsi, Techniques de l'ingénieur propose des livres blancs pour aider les entreprises à mettre en place le RGPD dans les temps [7], tandis que l'association professionnelle ACSEL, qui voit d'ailleurs dans le RGPD un moyen de renforcer la confiance des internautes dans les technologies numériques, organise des séminaires ou formations sur le sujet [8]. Enfin, l'Afnor invite les entreprises à partager leurs pratiques en matière de protection des données en créant une plate-forme d'échange sur le sujet [9].

Le compte à rebours est enclenché pour les entreprises et les administrations européennes (seules l'Allemagne et l'Autriche seraient prêtes). Arriveront-elles à temps ? Rendez-vous le 25 mai !

* * *

[1] JOST Clémence, "Que lisait Roald Dahl à la bibliothèque ? La New York Society Library analyse les documents empruntés par ses lecteurs célèbres", Archimag, 15 février 2018 [en ligne], disponible sur le site d'Archimag [consulté le 19 février 2018] : http://www.archimag.com/bibliotheque-edition/2018/02/15/roald-dahl-bibliotheque-analyse-documents-empruntes-lecteurs
[2] DEBES Florian, "Données personnelles : beaucoup d'entreprises en retard sur le nouveau règlement européen", Les Échos, 18 février 2018 [en ligne], disponible sur le site des Échos [consulté le 19 février 2018] : https://www.lesechos.fr/tech-medias/hightech/0301308653687-donnees-personnelles-beaucoup-dentreprises-en-retard-sur-le-nouveau-reglement-europeen-2154550.php
[3] JOST Clémence, "RGPD : les start-ups ne protègent pas correctement les données personnelles qu'elle collectent", Archimag, 14 février 2018 [en ligne], disponible sur le site d'Archimag [consulté le 19 février 2018] : http://www.archimag.com/chiffre-du-jour/2018/02/14/rgpd-start-protegent-correctement-donnees-personnelles-collecte
[4] FROCHOT Didier, "RGPD : la Commission européenne inquiète de l'impréparation des Etats membres", 9 février 2018 [en ligne], disponible sur le site des infostratèges [consulté le 19 février 2018] : http://www.les-infostrateges.com/actu/18022509/rgpd-la-commission-europeenne-inquiete-de-l-impreparation-des-etats-membres
[5] "RGPD : comment la CNIL vous accompagne dans cette période transitoire ?", 19 février 2018 [en ligne], disponible sur le site de la CNIL [consulté le 19 février 2018] : https://www.cnil.fr/fr/rgpd-comment-la-cnil-vous-accompagne-dans-cette-periode-transitoire
[6] FROCHOT Didier, "RGPD encore et toujours... même sur Youtube", 16 février 2018 [en ligne], disponible sur les site des infostratèges [consulté le 19 février 2018] : http://www.les-infostrateges.com/actu/18022513/rgpd-encore-et-toujours-meme-sur-youtube
[7] Techniques de l'ingénieur, "RGPD : le défi 2018 des entreprises", Livre blanc, février 2018 [en ligne], téléchargeable à l'adresse [consulté le 19 février 2018] : https://www.techniques-ingenieur.fr/actualite/livre-blanc/rgpd-defi-2018-entreprises-52042/
[8] ACSEL, "Plus que 4 mois pour se mettre en conformité", conférence, 15 février 2018, programme disponible sur le site de l'ACSEL : http://www.acsel.asso.fr/rgpd-plus-4-mois-se-mettre-conformite/
[9] Afnor, "Protection des données personnelles : partagez vos bonnes pratiques !", 3 janvier 2018 [en ligne], disponible sur le site de l'Afnor [consulté le 19 février 2018] : https://normalisation.afnor.org/actualites/protection-donnees-personnelles-partagez-vos-bonnes-pratiques/

lundi 12 février 2018

Livres papiers ou livres numériques ?

Les livres numériques ont-ils pris le pas sur le livre papier ? 
Le livre électronique, édité et diffusé "en version numérique, disponible sous forme de fichier, qui peut être téléchargé et stocké pour être lu soit sur un écran, tel que celui d'un ordinateur personnel, d'une liseuse ou d'une tablette tactile, soit sur une plage braille, soit sur un dispositif de lecture de livres audio. Il peut également être lu en ligne."[1]. Il est d'abord apparu avec le projet Gutenberg , dans les années 1970-1990. Ce projet était de créer une bibliothèque de livres numérisés en libre accès et de distribuer le livre sous une autre forme que le papier [2].

La création d'Amazon.com comme première librairie en ligne dans les années 1990 puis le lancement d'Amazon Kindle, qui permet au site marchand  de se spécialiser dans la lecture numérique alors qu'elle se concentrait jusque là  sur l'édition numérique en général, donne un nouvel essor au livre numérique. Les premières liseuses sont alors apparues avec notamment celle d' Amazon, le Kindle, fin 2007. 

Dés lors, la qualité de lecture sur liseuse s'améliorant, le livre numérique connaît un nouvel essor auprès du grand public, en particulier aux États-Unis, comme le montre Damien Leloup, dans son article du  Monde daté du 22 juillet 2010, "Le livre numérique a-t-il détrôné le livre papier aux États-Unis ?" [3]. Cependant, il montre bien que, si Amazon a un rôle prédominant pour les ventes de livres numériques, les achats de livres papier, loin de s’effondrer,  restent bien présents et que la domination du livre numérique est loin d'être acquise.

Le billet récent de Mathilde Serrell, sur France Culture [4] prolonge bien cette idée que le livre physique est loin de disparaître, bien au contraire. Si le livre numérique a connu un relatif succès à ses débuts,  il n'a pas rencontré, en France, en tout cas, le succès de vente escompté. Même aux États-Unis et en Grande-Bretagne, où malgré une forte croissance, le marché des livres numériques ne progresse pas. Le livre papier est ainsi apprécié par les plus jeunes, afin de se "reposer", de se déconnecter des écrans et des réseaux sociaux. 

Dominique Bona montre bien cette résistance du livre papier [5] et certains des avantages du livre physique par rapport au livre numérique : le coût du support de lecture, le prix du livre numérique par rapport au support papier. La prudence des éditeurs français mais aussi le maillage des librairies, les différentes animations organisées par libraires autour du livre, le prix unique, ont fait  beaucoup pour le maintien de l'offre papier, à la différence des États-Unis. 
L'article de Dominique Bona reprend aussi cette idée du confort immédiat que procure un livre papier, une fois acquis. Il montre aussi, en se basant notamment sur le Baromètre 2017 de l’offre de livres numériques en France de KMPG [6], que le marché du livre numérique est "tiré vers le haut" par certains secteurs comme les romans policiers  ou les best-sellers.  

Clément Solym, dans son article d'ActuaLitté[7], rejoint Dominique Bona sur la réserve des éditeurs concernant le livre électronique. Il met aussi en avant le développement de certains secteurs éditoriaux comme l'autoédition en citant l'article d'Antoine Oury[8] et le cas spécifique de Booken. Mais , même dans ce dernier cas, les difficultés sont bien là : Antoine Oury le montre bien [9] avec l'abandon de Carrefour, en 2018, de la vente de livres numériques et d'appareils de lecture sous la marque Nolim, mise en place avec la société française Bookeen depuis 2013.

L'offre du livre numérique avance donc lentement mais sûrement offrant aux auteurs un plus large public et un plus large choix aux lecteurs. Le marché du livre numérique cherche donc encore sa place, laissant, malgré tout, une part belle au  livre papier.

 Sources :

[1]Définition du livre numérique donnée par Wikipédia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Livre_num%C3%A9rique, [Consulté le 12 février 2017]

[2] Le projet Gutenberg, https://fr.wikipedia.org/wiki/Projet_Gutenberg,
[Consulté le 12 février 2017]

[3] LELOUP, Damien, "Le livre numérique a-t-il détrôné le livre papier aux Etats-Unis ? " Le Monde.fr, 22 juillet 2010,  http://www.lemonde.fr/technologies/article/2010/07/22/le-livre-numerique-a-t-il-detrone-le-livre-papier-aux-etats-unis_1391006_651865.html [Consulté le 12 février 2017]

[4] SERRELL,  Mathilde, Le livre numérique a-t-il  encore un avenir?, 25 septembre 2017, France Culture, Le Billet Culturel, https://www.franceculture.fr/emissions/le-billet-culturel/le-livre-numerique-t-il-encore-un-avenir, [Consulté le 12 février 2017]

[5] Nora, Dominique, Pourquoi l'ebook n'a pas encore révolutionné le marché du livre, 26 novembre 2017, le NouvelObs.com, https://www.nouvelobs.com/economie/20171124.OBS7817/pourquoi-l-ebook-n-a-pas-encore-revolutionne-le-marche-du-livre.html [Consulté le 12 février 2017]

[6] Baromètre 2017 de l’offre de livres numériques en France, KMPG, Septembre 2017, https://assets.kpmg.com/content/dam/kpmg/fr/pdf/2017/10/fr-barometre-offre-livre-numeriques-2017.pdf [Consulté le 12 février 2017]

[7] SOLYM, Clément , Baromètre 2017 du livre numérique en France : l'offre augmente, doucement, 3 octobre 2017, Actualitté.com, https://www.actualitte.com/article/lecture-numerique/barometre-2017-du-livre-numerique-en-france-l-offre-augmente-doucement/85125 [Consulté le  12 février 2017] 

[8] OURY, Antoine, Le livre numérique semble saturer, mais l'autoédition démontre le contraire (Bookeen), 2 août 2017, ActuaLitté.com, https://www.actualitte.com/article/interviews/le-livre-numerique-semble-saturer-mais-l-autoedition-demontre-le-contraire-bookeen/84154 [Consulté le 12 février 2017]
[9] OURY, Antoine,  Carrefour met fin à l'offre Nolim, mise en place avec Bookeen, 24 janvier 2018, Actualitté.com, https://www.actualitte.com/article/lecture-numerique/carrefour-met-fin-a-l-offre-nolim-mise-en-place-avec-bookeen/86924 [Consulté le12 février 2017]

Science ouverte : un fort élan mondial

Le mouvement encourageant le libre accès aux publications scientifiques (Open Access ou Open Science) se fait de plus en plus important. L'accès à l'information scientifique serait une nécessité pour le travail du chercheur et stimulerait l'innovation et la diffusion du savoir. Dans le monde, en Europe, en France, la promotion de la science ouverte est de plus en plus audible.

Depuis les Déclarations de Budapest et de Berlin, de nombreuses initiatives ont vu le jour dans le monde, telle que la Fondation Wellcome Trust au Royaume-Uni [1]. Des portails qui hébergent ou recensent des revues en libres accès, tels Persée, Revues.org, Directory of Open Access Journals (DOAJ), ont également été créés [2]. Ceci malgré des réticences et des tensions de la part des éditeurs, qui ont longtemps détenu l'exclusivité des publications scientifiques [3].

Au niveau européen, le programme Horizon 2020 (H2020) de la Commission européenne (CE), couvrant la période 2014-2020, a pour objectif de favoriser la recherche et l'innovation. L'une des trois priorités de ce programme concerne l'excellence scientifique, l'objectif étant de "promouvoir la recherche fondamentale et ouvrir des voies nouvelles vers les technologies futures et émergentes, en soutenant une recherche collaborative, interdisciplinaire et suivant des modes de pensée novateurs" [4]. Signe d'un engagement fort en faveur de la science ouverte, les projets de recherche financés dans le cadre du programme doivent obligatoirement être déposés en archives ouvertes. 

L'actualité rend compte de deux initiatives européennes importantes : 

- Le projet de la CE de lancer, dans le cadre de H2020, une plateforme ouverte donnant accès aux publications scientifiques issues des travaux qu'elle finance. Cette plateforme répondra aux caractéristiques et principes suivants [5] : 
> gratuité ;
> rapidité de publication ;
> un "examen par les pairs ouvert" (Open Peer Review) ;
> un dépôt volontaire de la part des chercheurs ;
> un accès aux prépublications ;
> l'application d'une nouvelle métrique.
La CE entend, par ce projet, créer une démarche d'incitation pour une science ouverte [6]. Le projet sera confié et mis en œuvre par un prestataire choisi dans le cadre d'un processus, à venir, de passation de marchés publics.

- Le dispositif MLE (Mutual Learning Exercices) sur la science ouverte qui réfléchit autour de deux problématiques [7] : la mise en place de nouvelles métriques pour mesurer l'impact des travaux de recherche (altmetrics), en prenant en compte les nouveaux usages du Web (réseaux sociaux, téléchargement) ; la manière de récompenser les chercheurs œuvrant dans le sens de la science ouverte.

Le souci d'assurer un libre accès à l'information scientifique est largement partagé hors Union Européenne. À titre d'exemple, l'UNESCO soutient et encourage le mouvement, plus particulièrement concernant les travaux ayant bénéficié de financements publics [8]. Avec une particularité : intégrer les pays en développement dans les réflexions et les débats. Pour concrétiser son engagement, l'organisation a mis en place un portail mondial du libre accès (GOAP) [9], permettant notamment aux pays de mieux comprendre comment réussir une politique de libre accès à la recherche scientifique.

En France, l'article 30 de la loi pour une République numérique promulguée le 7 octobre 2016 [10] autorise les chercheurs à déposer leur publication en ligne, 6 mois après la première publication pour le domaine des sciences, de la médecine et de la technique, 12 mois pour le domaine des sciences humaines et sociales [11]. 

À noter pour conclure que le Consortium Couperin organise depuis 7 ans les journées Science ouverte. Les dernières se sont tenues du 22 au 24 janvier dernier, autour de la problématique "100% open access : initiatives pour une transition réussie".


Sources : 

[1] Open access France, Couperin. Politiques nationales et européennes. En ligne sur openaccess.couperon.org : [consulté le 12 février 2018] <http://openaccess.couperin.org/politiques-nationales-et-europeennes/>

[2] Open access France, Couperin. Les revues en libre accès. En ligne sur openaccess.couperin.org : [consulté le 12 février 2018] < http://openaccess.couperin.org/les-lecteurs/>

[3] France Culture. Science Ouverte : pour un meilleur accès aux résultats de la recherche. En ligne sur franceculture.fr. Publié le 26 octobre 2017 : [consulté le 12 février 2018] < https://www.franceculture.fr/emissions/le-choix-de-la-redaction/le-choix-de-la-redaction-jeudi-26-octobre-2017

[4] Horizon 2020. Horizon 2020 en un clic. En ligne sur horizon2020.gouv.fr : [consulté le 12 février 2018] <http://www.horizon2020.gouv.fr/cid74427/horizon-2020-clic.html>

[5] Hameau, Thérèse. La Commission européenne met en place une plateforme de publications en libre accès. En ligne sur openaccess.inist.fr. Publié le 8 janvier 2018 : [consulté le 12 février 2018] < http://openaccess.inist.fr/?La-Commission-europeenne-met-en-place-une-plateforme-de-publications-en-libre-acces>

[6] Horizon 2020. La C.E. souhaite lancer une plate-forme ouverte de publications scientifiques. En ligne sur horizon2020.gouv.fr. Publié le 1er février 2018 : [consulté le 12 février 2018] < http://www.horizon2020.gouv.fr/cid125973/la-c.e.-souhaite-lancer-une-plate-forme-ouverte-de-publications-scientifiques.html>  

[7] Bibliothèque Scientifique numérique. Dispositif européen MLE sur la science ouverte – Altmetrics et incitations. En ligne sur bibliothequescientifiquenumerique.fr. Publié le 29 janvier 2018 : [consulté le 12 février 2018] < http://www.bibliothequescientifiquenumerique.fr/dispositif-europeen-mle-sur-la-science-ouverte-altmetrics-et-incitations/>

[8] UNESCO. Libre accès à l’information scientifique. En ligne sur unesco.org : [consulté le 12 février 2018] <http://www.unesco.org/new/fr/communication-and-information/access-to-knowledge/open-access-to-scientific-information/>

[9] UNESCO. Global Open Access Portal. En ligne sur unesco.org : [consulté le 12 février 2018] <http://www.unesco.org/new/en/communication-and-information/portals-and-platforms/goap/ >

[10] Legifrance. Code de la recherche – Article L533-4 créé par LOI n°2°16-1321 du 7 octobre 2016-art. 30. Disponible en ligne sur legifrance.gouv.fr : [consulté le 12 février 2018] < https://www.legifrance.gouv.fr/affichCodeArticle.do;jsessionid=F665AF9001FAB5EB7F35CFB357C4C207.tplgfr38s_2?cidTexte=LEGITEXT000006071190&idArticle=LEGIARTI000033205794&dateTexte=20180210&categorieLien=id#LEGIARTI000033205794

[11] Open access France, Couperin. La loi République numérique. En ligne sur openaccess.couperin.org : [consulté le 12 février 2018] < http://openaccess.couperin.org/la-loi-numerique/

Pour en savoir plus sur le programme Horizon 2020 :  

Commission européenne. Horizon 2020 en bref. Disponible en ligne sur ec.europa.eu. Publié en 2014 : [consulté le 12 février 2018] <https://ec.europa.eu/programmes/horizon2020/sites/horizon2020/files/H2020_FR_KI0213413FRN.pdf >


 



lundi 5 février 2018

Documentation et gestion des connaissances dans les fablabs : un chantier à défricher

Si la contribution à la documentation et le partage des connaissances sont inscrits dans la charte de responsabilité de tout contributeur à un Fablab (1), dans les faits, la transmission passe le plus souvent par l'oralité et l'échange pair à pair, seul 10 % des projets seraient documentés. Un frein au partage et à l'innovation de ces lieux ?

Documenter ses projets : c'est moins fun que de les faire

L'activité de documentation est une activité chronophage : dans ces endroits tout entier consacrés au "faire", comment inciter les usagers à prendre du recul sur leur travail ? Comment sélectionner les informations à documenter ? Quand doit-on le faire ? Différentes stratégies sont mises en places par les structures : fiche structurée à remplir (2), espace physique de documentation, journal de bord, machine-outil dédiée (3), initiation à des outils de communication (ateliers wiki, video...), ateliers de "gamification" de la documentation, contrainte (notamment pour les Fablabs universitaires)...

En novembre dernier, le FacLab (le fablab de la faculté de Cergy Pontoise) a organisé un atelier sur la problématique "documentation et contribution dans les fablabs" (4). Les participants ont imaginé un nouveau poste au sein des fablabs : le fabdocumentaliste, qui pourrait être assuré de façon tournante, et identifié les compétences qu'il/elle devrait développer (5).

Le management et la gestion de l'information : la difficulté du partage d'information au niveau mondial


Chaque fablab est porteur d’une culture et d’une identité propre formées de la diversité des projets qu’il accueille, sur un territoire défini, et s'il est "connecté", utilise un CMS (ou wiki) différent. Alors comment, pour assurer la diffusion des connaissances, passer de la communauté in situ à la communauté élargie voire mondiale en faisant dialoguer ces lieux hétérogènes ? Difficile d'imposer des standards documentaire, et une logique hiérarchique de plans de classement ou de thésaurus compte tenu de la posture bottum-up des fablabs (6).

Plateformes commerciales, ontologie open source et API : des pistes de réponse

Depuis 2014, pour s'affranchir des plateformes commerciales existantes de documentation (comme thingiverse ou instructables) et dans une logique open source, plusieurs fablabs européens ont réfléchi à la mise en place de formats pour l'échange d'information : d'abord à partir de flux RSS simples, puis en structurant ces flux par des éléments xml. Ils ont commencé à poser les bases d'une documentation ontologique : le FabML, pour la documentation en fablab (7).

Mais au delà de la documentation des projets, les fablab souhaitent donner à voir leur utilité sociale et leur impact sur le territoire, en développant des interfaces de programmation applicative (API) basée sur l'exploration massive de donnés. Le projet européen FabCityDashboard, un tableau de bord pour tenter de mesurer l'apport des fablabs à l’économie des villes et des questions plus larges sur les mutations des territoires dans les décennies à venir (8), en est un bon exemple.

On peut raisonnablement penser que ces questions vont être largement débattues lors de la FAB14, 14e  Conférence Internationale des Fablabs organisé cette année en juillet dans plusieurs villes françaises (9).



Sources

[1] Les fablabs (Laboratoire de Fabrication) sont des espaces ouverts au public où il est mis à disposition toutes sortes d'outils, et notamment pilotés par ordinateur (imprimante laser, découpeuse laser...), pour lui permettre de réaliser des projets (réalisation d'objets uniques, transformation ou réparation d'objets de la vie de tous les jours...), en solo ou en collaboration. Pour être appelé Fab Lab, un atelier de fabrication doit respecter la charte des Fab Labs, mise en place par le Massachusetts Institute of Technology (MIT). Lien vers la Charte des Fabs labs <http://fab.cba.mit.edu/about/charter/>

[2] Le guide de l'aide à la documentation du FabLabo, animé par l'association PING à Nantes <http://fablabo.net/wiki/Aide:Documenter>

[3] Le site de l'atelier des chercheurs qui proposent méthodes et outils pour documenter les projets <https://latelier-des-chercheurs.fr/outils>

[4] Mailly Loïc, "Fabdocumentaliste : promouvoir la documentation au sein des fabslabs", 15 décembre 2017, Médium <https://medium.com/@loicmailly/fabdocumentaliste-promouvoir-la-documentation-au-sein-des-fablabs-47806904081e> [consulté le 5 février 2018]

[5] Fiche de poste d'un Fabdocumentaliste, compte-rendu de l'atelier <https://annuel2.framapad.org/p/Fiche-de-poste-Fabdocumentaliste> [consulté le 5 février 2018]

[6] Gasnier, Frédéric, "la documentation dans les fablabs est une serpent de mer. Rencontre avec Adel Kheniche au Petit Fablab de Paris", 6 novembre 2017, Blog du diplôme universitaire "facilitateur" de l'Université de Cergy Pontoise, <http://cours.education/dufacilitateur/2017/11/06/la-documentation-dans-les-fablabs-est-un-serpent-de-mer-rencontre-avec-adel-kheniche-au-petit-fablab-de-paris/> [consulté le 5 février 2018]

[7] Compte-rendu de l'atelier "documentation / FabML ontologie", wiki du FabLabo, dernière modification octobre 2014, <http://fablabo.net/wiki/WorkshopDocumentation/FabmlOntologies> [consulté le 5 février 2018]

[8] Paris, Julien "Fabcity Dashboard, pour les labs d’aujourd’hui et les villes de demain", 8 novembre 2016 <http://www.makery.info/2016/11/08/fabcity-dashboard-pour-les-labs-daujourdhui-et-les-villes-de-demain/> [consulté le 5 février 2018]


[9] Site du Fab14 <http://www.fab14.org/>

Le rapport du CES 2018 : un concentré de technologie !

Comme chaque début d'année depuis 2006, Olivier Ezratty, consultant et auteur, a publié le 29 janvier dernier la treizième édition de son Rapport du CES 2018.

La 51e édition du CES (Consumer Technology Association) de Las Vegas, achevée le 12 janvier 2018, fut une année record avec plus de 3.900 exposants et 180.000 visiteurs. Un salon mondial des technologies grand public, où, à côté de grandes marques internationales étaient présentes 900 start-ups. Cette diversité reflète l'industrie technologique mondiale.

Toutefois, selon O. Ezratty, le CES n'est qu'un prétexte : "il me force à faire un point global de l'actualité des technologies grand public des douze derniers mois et que je collecte toute l’année." [1] Résultat : 400 pages, structurées en trois grandes parties (les tendances et marchés, les produits et solutions, les composants divers) où O.Ezratty "décrypte en profondeur le salon pour établir en creux un état des lieux mondial de l'innovation dans tous les domaines" [2], disponibles gratuitement sur le blog Opinions Libres

À cette occasion, la BnF, en partenariat avec la CCI Paris Ile-de-France et le GFII, invite l'auteur à présenter son rapport en conférence "Vu à Vegas : décryptage du CES 2018 par Olivier Ezratty" le 13 février 2018. O. Ezratty y présentera la manière dont ce rapport a été conçu : après  le décryptage des tendances du CES 2018 et le dévoilement des enjeux économiques et technologiques, une attention particulière sera portée aux méthodes de veille, outils et usages mis en œuvre pour bien « lire » un salon, et préparer ce rapport. Un débat sera animé par Fanny Bouton. 

Les témoignages exposant différentes possibilités d'utilisation de ce rapport devraient être particulièrement intéressants pour la recherche de sources d'information et (ou) la préparation d'une veille technologique. Un rendez-vous à ne pas manquer !

 Sources :

[1] EZRATTY, Olivier. "Rapport du CES 2018". Opinions libres. Le blog d'Olivier Ezratty. 29/01/2018. En ligne sur <http://www.oezratty.net/wordpress/2018/rapport-ces-2018/> [consulté le 05/02/2018].
[2] ROLLAND, Sylvain. "Ce que le CES 2018 révèle de l'état de l'art de l'innovation mondiale". La Tribune. 30/01/2018. En ligne sur <https://www.latribune.fr/technos-medias/innovation-et-start-up/ce-que-le-ces-2018-revele-de-l-etat-de-l-art-de-l-innovation-mondiale-766549.html> [consulté le 05/02/2018].